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KAPE (Kampuchean Action for Primary School)

Alors que nous étions dans un bus en direction de Kampong Chaam au Cambodge, nous avons fait la connaissance de Mary, coordinatrice de projets dans une école test du pays, ainsi que deux de ses collègues. Le contact est bien passé, et c'est ainsi que nous en avons appris plus sur le fonctionnement de cette école innovatrice dans ce pays dont l'éducation a été meurtrie par son histoire.

Mary nous a invité à passer une matinée dans son école pour partager cette volonté de faire avancer les choses.

 

« L'école n'a pas été difficile à trouver (Mary nous avait dessiné un plan, on ne pouvait se tromper), nous arrivons donc dans les temps sur une grande place où sont présents trois bâtiments qui forment un U : un centre de formation pour les futurs professeurs cambodgiens, une école pour sourds et muets (et probablement d'autres élèves étant donné la taille de la structure), et enfin l'école où travaille Mary dans laquelle travaille le KAPE (Kampuchean Action for Primary School).

 

Mary nous accueille et nous confie à sa jeune collègue (également rencontrée dans le bus) qui nous emmène visiter l'école. Nous traversons l'espace extérieur, couvert d'herbe, d'arbres et de rochers, et passons devant plusieurs salles de classe (salle de mathématiques, salle de chimie, bibliothèque, salle informatique...). Les élèves sont en train d'étudier.

 

Nous entrons dans la bibliothèque et discutons avec des élèves qui souhaitent s'exercer en parlant anglais, puis nous échangeons avec un groupe d'élèves en cours d'informatique... Ce sont de grands espaces avec des bâtiments qui datent de l'époque coloniale et qui ont été rénovés. Malgré tout, les élèves sont nombreux et doivent se partager certains outils, les ordinateurs notamment où ils sont deux voire trois par poste.

 

Nous poursuivons la visite, puis notre guide nous présente à leur coordinateur de projet, Mr Van. Nous nous installons devant un café à la cantine de l'école et échangeons sur leur système. Il nous explique le fonctionnement de l'école, et les différences avec les écoles gouvernementales. Le tout est impressionnant.

 

Leur école accueille des enfants de la primaire à l'université (pour devenir professeur), d'où les enfants de tout âge croisés dans la cour. Ici, les élèves doivent rester à l'école du matin au soir, du lundi au samedi alors que dans les écoles gouvernementales ils y vont seulement trois heures par jour, une partie le matin et une partie l'après-midi. Les professeurs sont sélectionnés pour travailler ici et doivent respecter un certain nombre de règles, alors que dans le reste du pays peu importe le travail qu'ils fournissent, certains arrivent en retard et partent en avance sans en être inquiétés. Il y a même des écoles entières qui ferment une semaine avant les vacances nationales et ré-ouvrent une semaine après !

Il faut aussi se rappeler qu'à la suite du génocide des Khmers rouges, la plupart des intellectuels (et donc les enseignants) ont été massacrés. Le pays s'est lui-même porté préjudice en stoppant toute évolution possible.

 

Ici, les élèves aussi sont sélectionnés avec des tests en anglais et en mathématiques, mais le critère de niveau de vie n'entre pas en jeu : ils souhaitent proposer une école gratuite, où tout le matériel est compris dans la scolarité, d'où des besoins financiers assez importants. Un des problèmes de base rencontré est qu'habituellement les familles doivent payer pour que leurs enfants aient des cours particuliers (ils pensent qu'on ne peut réussir sans, c'est ancré dans le système !). C'est un véritable business parallèle où les enfants ont parfois peur de leur professeur, doivent s'engager à prendre un repas payant chez lui, … le tout coûtant très cher aux familles. Ici, ils vont à l'école toute la journée, donc pas besoin de cours particuliers, mais cela est difficilement compréhensible pour les parents.

 

L'échange est passionnant, nous comprenons que cette école pilote est tout simplement une école structurée qui s'inspire des modèles occidentaux et tend à s'éloigner du modèle chaotique environnemental. L'état s'intéresse fortement à leur projet, le ministre étant venu sur place pour visiter les lieux. Ils ont donc demandé d'étendre le travail en créant une deuxième école pilote, mais cette fois-ci à Phnom Penh, la capitale, et avec 2 000 élèves. C'est la première rentrée dans cette école cette année mais cela promet d'être difficile étant donné le fossé qui sépare ces idées de la société cambodgienne.

 

Leur organisme KAPE a 15 différents projets, d'autres sont donc plutôt axés sur la création de référentiels de cours par matière, de programmes à suivre, choses qui n'existent pas encore dans le pays.

Nous quittons la cantine et retraversons la cour, croisons différents groupes d'élèves en « clubs » (club photo, club de sciences...), système inspiré des modèles américains.

 

Dans la cour, des dizaines de scooters sont garés. Lorsque nous demandons à Mr Van les règles pour conduire un scooter dans le pays, il nous dit qu'il faut avoir 18 ans pour passer le permis de conduire. Avec tous les jeunes de moins de quatorze ans que nous croisons en scooter, et qui plus est sans casque, on voit que la règle n'est pas forcément respectée ! Ce parking est rempli alors que peu d'élèves sont majeurs, cela veut tout dire.

 

Nous remercions Mr Van et retournons voir Mary, demandons comment nous pouvons les aider car leur projet est fascinant. Le plus impressionnant est la passion avec laquelle chacun s'exprime sur son travail, sa volonté de faire évoluer la jeunesse cambodgienne. On sent que tous sont extrêmement impliqués et que cela vient du cœur.

Elle nous explique qu'ils ont besoin de fonds, mais par rapport à ce qu'on peut proposer nous tombons plutôt d'accord sur des envois de matériel, de petits romans en anglais, de correspondance avec des classes françaises. Nous pensons aussitôt à nos partenariats avec les écoles françaises et nous engageons à voir ce qui est possible lors de notre retour en France. »

 

 

Pour en savoir plus, vous pouvez aller sur leur site internet http://www.kapekh.org/?p=index&l=English&

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